Pressés par le préfet du Val-d’Oise de se conformer avec la « loi Besson » sur les aires d’accueil des Gens du Voyage, des maires bouclent leur dossier dans l’urgence, comme à Gonesse et Beaumont-sur-Oise. Ce qui suscite bien des protestations.
Les adversaires de aires d’accueil de Gens du voyage ne s’annoncent pas comme tels, mais développent une palette d’arguments : les projets sont trop coûteux, mal placés, dangereux. Si le projet de Beaumont a exceptionnellement recueilli l’unanimité du conseil municipal le 31 octobre dernier, c’est qu’il vise un terrain très isolé à 2 kilomètres du centre ville, sur un « délaissé » de déviation.
Il se situe en limite du village de Noisy-sur-Oise, dont les habitants bataillent vainement depuis quatre mois contre le projet en faisant valoir que le terrain se trouve sur un site de grande circulation, très bruyant et dangereux, en pleine campagne (photo). Pris d’une soudaine affection pour le sort des enfants nomades, les Noiséens argumentent aussi qu’ils ne disposeront pas de trottoir sur la roue à grande vitesse qui les reliera à l’école de Beaumont-sur-Oise.
Fort de son soutien, le maire de Beaumont, Fabrice Millereau, n’en a cure : « Nous espérons une déclaration d’utilité publique du préfet dans les prochains mois pour une aire de dix places, afin de pouvoir lancer l’expropriation » (le propriétaire est un Noiséen).
A Gonesse, c’est une aire nettement plus importante que prévoit le maire Jean-Pierre Blazy (PS). Mais là aussi très loin du centre ville, dans la ZAC de la tulipe Nord, en limite d’Aulnay-sous-Bois. Les Gens du voyage n’y seront pas seuls : ils auront comme voisins les occupants de l’aire d’Aulnay-sous-Bois, commune qui a également choisi ce site isolé pour se mettre en conformité avec la loi. Et ici, ce sont les membres de l’opposition municipale qui s’inquiètent des nuisances subies par les futurs bénéficiaires d ‘accueil :elle n’est pas soumise au plan d’exposition au bruit dans une ville où la plupart des bâtiments nouveaux doivent subir des normes d’isolation acoustique très lourdes, en raison de la proximité des aéroports de Roissy et du Bourget.
Autre sujet qui fâche, le coût de ces aires d’accueil, pratiquement 100 000 euros par place. A Beaumont, on prévoit une dépense de 1 million d’euros dont seulement le quart à la charge de l’Etat. « Si la subvention de l‘Etat est officiellement de 70%, elle est plafonnée à 250 000 euros », relève Fabrice Millereau. Même problème soulevé par l’opposition à Gonesse : l’aire d’accueil va coûter 1,5 million d’euros, dont près de 900 000 à la charge de la commune après diverses subventions s’ajoutant à celle de l’Etat. Et el coût annuel de fonctionnement, 130 000 euros, sera pour moitié à la charge de la commune.
Si ces polémiques ne remettent pas en cause des projets bien engagés, elles ont une forte répercussion sur les communes du Val-d’Oise qui ne sont pas encore dotées d’aires d’accueil. Et où le débat public fait rage…
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2 commentaires
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Bonjour,
Je ne pense pas que ce sont les adversaires qui s’opposent à ces types d’emplacements mais des associations de défense des voyageurs qui souhaitent des aires dignes du respect de la personne. Personne ne voudrait vivre en bordure d’une autoroute ou à des kms d’une ville. On a bien l’impression que l’on ne veut accorder que des aires sur des terrains dont personne ne veut. Des ghettos de voyageurs bien loin des regards.
C’est tout simplement du racisme car on considère que ces gens du voyage ne sont pas des français alors qu’ils sont devenus citoyens français depuis un édit de Louis XIV qui les avait expulsé de Paris pour qu’ils s’établissent à… Pontoise. À cette époque, notre région était suffisamment éloignée. Avec l’extension des zones urbaines depuis le moyen-âge, c’est nous qui sommes venus habiter dans cette région en repoussant toujours plus loin les gens du voyage.
Prenons l’exemple, des autres pays d’Europe comme L’Espagne, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne qui ont su sédentariser les voyageurs depuis 1 siècle maintenant. Les enfants sont scolarisés, le niveau de santé est meilleur, etc. En France, pays civilisé, nous laissons des hommes, des femmes et des enfants vivrent comme des bêtes sans que cela ne gêne personne…
La semaine de la solidarité commence à nos portes !
Cordialement
Entièrement d’accord , avec ce point de vue en ce qui concerne Gonesse, il semblerait que l’air d’accueil soit calée entre une route 4 voies, et une carrière, avec les risques sanitaires inhérent ce à ce type de sol , en plus en plein dans l’axe de la piste n° 3 du Bourget.
On devrait dans ce cas adopter le principe de précaution, quand on sait que le Concorde s’est écrasé à moins de 300 m de cet endroit